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Déclaration du droit de l’homme : chacun a droit aux moyens de l’apaisement des échanges pour faire son intelligence. Dans cette optique, Beta-Oblique présente une réflexion sur le livre.
Avec l’imprimerie, à la conservation des idées succède la diffusion, et finalement moins les idées que la mise en évidence des auteurs. Car, avec la notoriété, vient l’enrichissement. Toute une industrie de montrage (on s’épargnera ici du terme anglais) s’érige sur les technologies de publicitage. Parmi d’autres, un inconvénient : on croit que le livre sert à se faire connaître, à gagner de l’argent. Avant tout, c’est le procédé de préservation que la nature utilise que l’homme s’est approprié là : le clonage. L’idée, si volatile, se trouve protégée de la déviance par la matérialisation et de la disparition par la multiplication.
Avec la mercantilisation de l’édition, non seulement les idées jugées non rentables sont rejetées, mais, acceptées, elles deviennent la propriété de l’éditeur qui peut faire d’elles ce qu’il veut.
Beta-Oblique s’inscrit dans la voie primitive de l’édition qui consiste à préserver l’idée matériellement au profit du seul auteur et organiser sa propagation à partir de son épicentre.
En particulier, nos éditions visent à remplacer la parole dans la difficulté qu’elle rencontre à diffuser des formulations complexes. Là où elle échoue, donner un livre qu’on ouvre et reprend quand bon nous semble demeure la solution la plus élégante.
Condamner la possibilité de ce don au prétexte qu’il ne « ferait pas d’argent » est donc criminel du point de vue de la vie des idées.
Quant à la ligne éditoriale de Beta-Oblique, elle est aussi peu restrictive que possible : « à la recherche d’un langage commun d’exception » traduisant sa visée diplomatique.
En effet. Que l’on songe au manichéisme qui envahit les cœurs et irrigue les cerveaux comme jamais : tels morts ne sont plus honorés car ils furent ennemis ; tels auteurs ne sont plus publiés pour des pensées désormais honnies ; tel chef ne se laisse plus entendre par préjugement ; tels partisans qui n’embrassent pas la cause sont méprisables. L’intelligence ne gagne rien à ce jeu et sans elle s’effondre rien moins que tout.