Madame, Monsieur,

Interface homme-machine : une expression chargée de suspicion. On conçoit l'influence réciproque créatrice d'un nouvel ensemble et donc modificatrices de caractéristiques propres à l'homme, perspective qui effraie certains. Cependant, l'homme sait intuitivement sa nature corruptible ou, dit plus doucement, peu fiable. A commencer par le traitement de toute tâche répétitive, dite mécanique, précisément. C'est pourquoi rites et protocoles furent institués, et avec eux les lois, les manuels... On externalise ainsi, en les confiant à la matière mécanisée, par l'écrit ou la répétition, des domaines jugés importants, sinon vitaux à la vie des hommes, mémoire comprise, elle aussi très peu fiable.

La propension de l'homme à affabuler, à substituer le réel par le songe lui fait faire de grandes choses mais le conduit également à s'égarer en des confins tragiques. La coopération nouvelle que nous voyons s'instaurer entre la machine et l'homme dans une sphère intime de l'information pourra sans doute rééquilibrer leurs puissances désespérantes respectives.

Nombreux sont ceux qui se défient des aliments génétiquement modifiés tout en ne trouvant, pour des raisons bien peu objectives, aucun grief à se modifier génétiquement eux-mêmes sur les allégations de professionnels du mensonge. Sortir le citoyen des songes en le faisant accéder aux données traçables est une voie désormais ouverte qui en fera, à terme, un diplomate de son état, un meta-diplomate.

Amicalement Vôtre,

Roger Maginot
président de Beta-Oblique