Du caractère français de la musique militaire

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Déclaration du droit de l’homme : chacun a droit aux moyens de l’apaisement des échanges pour faire son intelligence. Dans cette optique, Beta-Oblique présente une réflexion sur la musique militaire.

Qui n’a jamais été frappé par le caractère très particulier de la musique des armées lors d’un 14 juillet ?

Loin de la discipline prussienne de la Bundeswehr, de la tradition anglaise, tuniques rouges en rangs serrés ou des chœurs puissants et mélancoliques des armées russes, – la musique militaire française a une tonalité particulière, populaire et légère. Le Professeur Rollin s’en amuse, à raison, dans son dernier spectacle.

Pour l’historien Thierry Bouzard, la Troisième République créa à travers les kiosques publics une musique française partagée par tous. L’appelé sous les drapeaux amenait avec lui ses airs folkloriques qui furent adoptés dans les orchestres puis offerts à l’écoute par les armées au sein des régiments mais aussi dans les représentations publiques. Ce goût des armées françaises pour une certaine légèreté se retrouve dans des airs joyeux et des chansons aux caractères parfois grivois. La tristesse est d’ailleurs cantonnée aux seuls chants de chœurs  destinés à commémorer le sacrifice de soldats ou la terrible défaite de 1870.

Tout cela est écarté lors du défilé du 14 juillet où se rencontrent la musique populaire et les airs de l’Empire ou de la Révolution. Il est d’ailleurs tout à  fait remarquable que ces musiques portent souvent des chants au caractère guerrier affirmé en contraste avec les envolées mélodiques. Le Chant du Départ composé pour le 14 juillet 1794  ne proclame-t-il pas sur un air joyeux et viril « La Victoire en chantant » ? Cet air est l’un des plus populaires à travers l’histoire du pays et ne manque jamais d’être joué lors des grands événements nationaux comme le défilé.

La musique militaire française porte donc l’âme de la France lorsqu’elle est sous les armes. On y reconnaît son caractère populaire, prompt à la joie, prêt au sacrifice, et qui se distingue de bien des musiques à l’esprit sérieux trop sérieux.